Du 29 au 31 octobre prochains, Londres accueille le 9e Forum économique islamique mondial. C’est la première fois qu’un pays non musulman est l’hôte d’un tel événement. La place de l’économie islamique dans le monde, mais avant tout de la finance islamique, est de plus en plus importante et se répand bien au-delà des pays musulmans, même s’ils demeurent toujours en pointe en la matière, à l’instar de Dubaï qui tend à devenir le pivot de cette économie en plein essor. Jusqu’ici peu connue des non musulmans, la finance islamique a le vent en poupe. Elle représente aujourd’hui près de 500 milliards d’euros d’investissements à travers le monde. Elle regroupe l’ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la loi islamique, la charia : respect du principe de partage des pertes et des profits, interdiction de l’intérêt, de l’incertitude, de la spéculation, mais également interdiction d’investissement dans des secteurs considérés comme haram, c’est-à-dire illicites (alcool, tabac, paris, etc.).
Des instituts financiers islamiques existent dans plus de 75 pays. Aujourd’hui, afin d’attirer les investisseurs de pays du Proche-Orient, du Golfe mais aussi du Maghreb, de nombreux Etats non musulmans ont mis en place des aménagements pour favoriser les montages de finance islamique. Car de nombreux musulmans pratiquants rechignent encore à épargner ou à investir en raison des contradictions entre le système financier occidental classique, fondé sur l'intérêt, et la charia. Un élargissement vers l’économie mondialisée Les banques islamiques fleurissent aux quatre coins du globe. Londres reste tout de même leader en la matière, même si Bruxelles a récemment annoncé vouloir devenir la capitale européenne de la finance islamique. Le Royaume-Uni, tout comme la France qui, depuis 2008, lorgne sur cette manne financière, ne se cantonne pas à la finance islamique stricto sensu mais s’ouvre de plus en plus à l’économie islamique dans sa globalité. Parce que d’islamique, il n’y pas seulement la finance. L’ensemble des produits halal (des tubes de dentifrices aux boissons gazeuses en passant par l’alimentaire), le secteur du tourisme, l’éducation, la culture, les assurances, conformes à la loi islamique constituent ainsi cette économie aujourd’hui mondialisée. Actuellement, l’économie de biens et de services conformes à la charia est estimée à 8 000 milliards de dollars, soit 5 900 milliards d’euros, pour une population mondiale de 1,6 milliard de musulmans. Le taux de croissance annuel de l’économie islamique mondiale est de 10% à 15%, quand le taux de croissance de l’économie mondiale est de 3,3% en 2013 selon les prévisions du FMI. Dès lors, l’engouement des grandes puissances occidentales à se tourner vers cette économie, dont le Royaume-Uni a été le précurseur en 2006, est compréhensible. Mais la bataille est rude, d’autant que les dernières annonces venant des Emirats arabes unis affichent une ambition démesurée. Les ambitions de Dubaï Aujourd’hui, c’est Dubaï qui veut se positionner comme le centre majeur de l’économie islamique d’ici 2016. En annonçant la création d’un Comité suprême, le petit émirat entend bien tirer profit de l’essor de l’économie islamique après avoir été, en 2009, gravement touché par la crise financière mondiale. Le plan est basé sur la création des organes de réglementation et des lois nécessaires au développement du secteur. Toute une stratégie. Ainsi, Dubaï ambitionne de devenir la référence mondiale pour la finance islamique, un centre pour l'alimentation halal, une destination idéale pour le tourisme familial, la première plate-forme du e-commerce et de l'économie numérique islamiques, la capitale mondiale de l'innovation et des arts, une référence pour la connaissance, l'éducation et la recherche dans tous les piliers de l'économie islamique. Et le centre le plus fiable pour établir les normes de l'économie islamique. Le gouvernement croit dur comme fer à ce plan ambitieux. Dans un communiqué, il a ainsi déclaré que « l’importance de l’économie islamique n’est pas limitée à la croissance significative des dernières années. Sans aucun doute, son importance repose sur le fait qu’il s’agit d’un des secteurs qui doit connaître la croissance économique la plus rapide pour plusieurs années ». De quoi laisser l’émirat espérer de beaux jours devant lui. Ainsi, les pays du « business oumma » seront loin d’être seuls à Londres à la fin du mois. Des Etats comme la Chine, le Canada... sont attendus au Forum économique islamique. Au menu entre autres, la technologie numérique, mais aussi le potentiel des femmes en tant que moteur de la croissance. Les enjeux économiques sont loin d’être faibles même si le rapport à l’islam et les amalgames qui les accompagnent sont parfois de réels freins. Les « défenseurs » du projet vantent pourtant les mérites de cette économie alternative, régulée, et pour certains « profondément éthique ». source: RFI
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