
D’une part, la mondialisation, phénomène récent qui a un rôle prépondérant de sorte d’« entelechien de la crise et des ses dimensions propagatrices dans les quatre coins de la planète.
D’autre part, la bulle immobilière des « subprimes », qui a dévoilé l’ampleur de cette crise n’étant pas encore parvenue à sa fin et cache encore des mauvaises surprises même à court terme ; enfin la brutalité de ces événements a conduit , dès les premiers jours, à l’effondrement de grandes banques qui avaient échappé lors de la grande crise mondiale de 1929.
Au delà des causes apparentes de cette crise qui ont été largement et suffisamment analysées (la bulle immobilière des subprimes américains, la crise boursière et la crise de confiance) les spécialistes et les experts de tout bord commencent à se rendre compte qu’il s’agit bien d’une question qui doit être analysée, en profondeur et avec minutie, et ce dans le but de faire le diagnostic adéquat et de trouver le remède approprié. Plus encore, de l’analyse de cette crise doit naitre des principes économiques et financiers équilibrés qui seront à même de contribuer à la création d’un ordre financier stable, juste et efficace .les facteurs apparents ont certes révélé des défaillances et lacunes structurelles du système capitaliste mais ils ne sont que l’arbre qui cache la foret.
Au milieu de la tourmente de cette crise, l’attention du monde a été attirée par une industrie financière nouvellement émergente, dont les institutions ne pratiquent par l’intérêt (le riba) et évitent le pari (Al-Maysar), l’incertitude et la spéculation (Al-Gharar) et qui possède un certain nombre de règles et normes spécifiques de contrôle.
La Finance Islamique est ainsi devenue une donne internationale de grande ampleur. Les témoignages de part et d’autres des grands économistes, experts financiers et responsables politiques, se multiplient. Les écrits, les recherches et les unités universitaires et d’enseignement de cette branche se propagent dans les fiefs même du capitalisme mondial. Les grandes banques et institutions financières internationales se plongent dans une concurrence farouche en vue de s’accaparer des sources de cette finance islamique.
Un groupe d’experts de renommée internationale en matière d’économie et de finance islamique, ont eu l’initiative sous l’égide du Conseil Général des Banques islamiques (Le CIBAFI) situé à Bahreïn, de rédiger un document qui a été consacré à présenter les principes de base de la finance islamique et leur apport à la solution de cette crise financière mondiale. Ce document intitulé « les principes de juste milieu au secours de la finance mondiale » s’inscrit dans le cadre d’une proposition qui a été présentée aux réunions du G20comme étant une contribution islamique aux problèmes de la crise. Il recommande 10 propositions principales fondées toutes sur les principes de la Finance Islamique pour rétablir l’équilibre, instaurer la confiance et assainir le marché.
L’Economique et le Religieux :
Parler de la finance islamique il ya seulement quelques années en France ou en Europe était une sorte d’hétérodoxie économique ou d’hérésie intellectuelle. Pourtant l’histoire ne cesse de nous apprendre que tous les systèmes que l’humanité a connus, subissent nécessairement sous une forme ou une autre, l’influence des valeurs et de la morale liée sans doute à la religion.
Aujourd’hui la religion a repris dans la vie quotidienne une importance que beaucoup ne soupçonnaient pas il y a quarante ans, quand André Malraux, par exemple, s’exprimait que : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. »
Dans la pensée capitaliste, comme ce fut également dans l’ex-pensée socialiste, les valeurs et la morale constituent un ensemble exogène, alors que dans la conception islamique de l’économie, les considérations d’ordre moral ou éthique, constituent un ensemble endogène. Bien plus, les valeurs éthiques, ne constituent le moteur fondamental de l’efficacité de l’économie et de la finance islamique.
La relation de l’Economique et du Religieux était depuis la naissance même de la science économique moderne, un sujet polémique et porteur de beaucoup d’amalgames. S’agit-il d’une économie religieuse ou une religion économique. La question a été longuement débattue par les grands économistes contemporains.
Pour se limiter à L’économie islamique, celle-ci a été historiquement négligée voir même ignorée par la pensée économique occidentale anglo-saxonne, exception faite vis-à-vis des idées du célèbre sociologue et économiste Ibn Khaldoun (14 eme siècle).
Pourtant une riche tradition de pensée économique parmi les savants musulmans, a été tardivement observée par les historiens et quelques économistes.
Nous pouvons citer à titre d’exemple des grands noms de la jurisprudence islamique tels que Abu Yousef(798) avec son célèbre ouvrage « Al kharaj » c’est-à-dire la Richesse ou les revenus de l’Etat), Abu Ubaid (838) avec son écrit « kitab alamwal »(les capitaux), ,yahia bin adam(818) aussi sur le Recettes de l’Etat, Al chaybani(804) avec son fameux ouvrage de intitulé « le kasb » qui signifie « les gains » et pour ne pas oublier le grand précurseur de la sociologie moderne Ibnou Khouldoun avec son titre « Al Muqaddima » qui est une sorte d’encyclopédie sociale, économique et historique unique.
A travers ces écrits, l’économie islamique parait comme étant une économie purement éthique sans aucune équivoque.
Son analyse est fondée sur la notion de l’« homme moral »dans sa réalité et non sur l’ « homme économique » (l’homo-économiques).C’est une économie qui se base sur une assise éthique, visant à s’intéresser plus particulièrement à l’Homme.
Par ailleurs, L’économie islamique traite le patrimoine de l’humanité avec un esprit ouvert. Il ne s’agit pas en fait d’islamiser l’économie, comme on a souvent tendance à croire, mais d’accepter tout ce qui est acceptable, qui respecte l’éthique, qui est socialement responsable, et de partir du fait qu’ « à l’origine des choses tout est permis » sauf quelques interdictions qui nuisent en fin de compte à l’intérêt de l’homme et de l’humanité.
Ainsi, pour citer Marshall Hodgson, nous pouvons dire que « Si l’islam peut être présenté comme capable de fournir une vision fructueuse illuminant la conscience moderne, dans ce cas c’est toute l’humanité et non pas seulement les musulmans qui en bénéficieront.
Mohamed NOURI
source: UOIF online